animalesque
exposition à Varsoviedu 28 novembre au 14 décembre 2012
Galeria DAP 1
11A, rue Mazowiecka, Varsovie
Du lundi au dimanche de 11 h à 18 h.
Nocturne jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21 h.
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ANIMALESQUE
Film d`Eric Menneteau
animalesque – 2012 from Eric Menneteau on Vimeo.
« Renata
Żółcińska
développe,
depuis quelques années, un travail intéressant autour des animaux
et de leur représentation. De prime abord, ses œuvres peuvent
apparaître très classiques mais leur juxtaposition par ensembles et
leur « mise en page » montre une recherche toute
singulière et une approche comportementale venant quasiment de « l’
intérieure » même de l’animal. »
Gérard
Alaux
directeur de la FNAGP
23 avril 2012
directeur de la FNAGP
23 avril 2012
Les corbeaux de Vincennes
réalisation de renata żółcińska
Renata Żółcińska, « Mon œil animal »
Renata Żółcińska peint des animaux. Des loups, des
vaches, des chats et quelques autres. Ils nous regardent, pas vraiment de face,
mais ils sont là, et forment une présence, toute une partie du monde, un monde en
nous, un monde présent, un monde d’antan. Une présence chaude. Une peinture à
la matière à la fois fluide et envahissante.
Mais l’oeil animal – cet oeil animal que Żółcińska cite
«enchaîné au sol » (Johann Gottlieb Fichte) - est
avant tout celui de l’oiseau – lui qui, justement, se « déchaîne » du
sol. L’œil de l’oiseau est latéral – comment voler sans cette vision
panoptique ? Comment verrions-nous le monde, comment verrions-nous les
toiles, avec des yeux qui se situeraient de part et d’autre de notre
crâne ? Quelles informations les oiseaux ont-ils que nous n’avons
pas ?
Parmi les oiseaux de Żółcińska, le plus mystérieux nous regarde de son œil latéral noir. C’est le corbeau blanc, parmi tant de corbeaux noirs.
Et pourtant, « Mon père n’a pas eu de corbeaux blancs. » écrit Żółcińska sur la toile. Le corbeau blanc, c’est celui d’avant la faute, d’avant la culpabilité, d’avant la punition. Le père de l’artiste n’a pas eu de corbeau blanc.
Parmi les oiseaux de Żółcińska, le plus mystérieux nous regarde de son œil latéral noir. C’est le corbeau blanc, parmi tant de corbeaux noirs.
Et pourtant, « Mon père n’a pas eu de corbeaux blancs. » écrit Żółcińska sur la toile. Le corbeau blanc, c’est celui d’avant la faute, d’avant la culpabilité, d’avant la punition. Le père de l’artiste n’a pas eu de corbeau blanc.
Animal ambigu, effrayant parfois, parfois figure divine, personnification
du vent qu'il fait surgir d'un battement d'aile, ou encore messager de la foudre
et messager des
dieux ; porteur parfois, pour eux aussi – pour Apollon notamment – de
mauvais présages... C’est d’ailleurs pour une telle « faute » qu’Apollon
aurait peint le corbeau blanc en noir.
Żółcińska, quant à elle, pour retrouver, loin de toute ambiguïté, le pur
plaisir de peindre, crée le corbeau bleu. Magnifique animal, hybride par
excellence, qui regarde à la fois droit devant lui et tout autour, du même œil,
à l’intérieur même de la toile et vers l’extérieur – la matière prend forme, la
palette s’emballe en bleus, la lumière flotte et l’œil animal, du fond de la
peinture, semble se rire du monde des humains, de nos peurs et comme nos
aspirations. « L’animal donc que je suis » (Derrida) !
« La
”question-de-l'animalité”, dit Derrida, n'est pas une question parmi d'autres,
bien entendu. Si je la tiens pour décisive, c'est que, difficile et énigmatique
en elle-même, elle représente aussi la limite sur laquelle s'enlèvent et se
déterminent toutes les autres grandes questions, et tous les concepts destinés à
cerner le ”propre de l'homme”». C’est à
ces questions-là, entre autres, que s’attache Renata Żółcińska.
Barbara Polla,
galeriste et écrivain
le 1er novembre 2012.
Les oies de Vincennes
Les oies de Vincennes
réalisation de renata żółcińska
« L'animal ouvre devant moi une profondeur qui m'attire et qui m'est familière.
Cette profondeur, en un sens, je la connais : c'est la mienne.
Elle est aussi ce qui m'est le plus lointainement dérobé, ce qui mérite
ce nom de profondeur qui veut dire avec précision ce qui m'échappe »
Georges Bataille
Peinture animalesque
par Renata Zółcińska
C’est en lisant les considérations de David Herbert Lawrence sur « l’être pommesque de la pomme »1, à propos du caractère inimitable des pommes de Paul Cézanne, que le concept de l’adjectif animalesque m’est
venu. Une peinture devient animalesque quand sa matière est
animalesque. La matière animalesque est la qualité sensible et sensuelle
de la peinture. La qualité animalesque est nécessairement issue de
l’expérience de la sensation. Notre corps mu par les sens joue un rôle décisif
dans la transmission des sensations à notre esprit. Tout ce qui est
animalesque résulte de l’extériorisation de l’émotion par l’individu,
par le peintre en l’occurrence.
Pour représenter un loup, par exemple, il faut d'abord devenir un loup, il faut vouloir appréhender son Umwelt, monde de significations propres à chaque animal, en d'autres termes il faut aller à sa rencontre.
Quand
je peins une bête, je m’aperçois que j’ai envie d’être un peu moins moi
et un peu plus un chat par exemple ; je pense l’autre comme un être
chat, un être loup, un être renard… « Penser » c’est être à l’écoute
d’une vie jusqu’à (re)devenir animal. C’est le moment où il n’y a plus
de règne, ni de l’homme ni de la bête, mais seulement une rencontre.
Dans le processus de gestation d’un tableau, il y a ces moments où la
peinture ne fonctionne pas, où la bête n’est pas la bête, où la peinture
n’est pas la peinture. C’est alors le moment où je détruis ce qui
existe et c’est comme si je recommençais la peinture : les yeux fermés,
je trace la figure de l’animal. Les yeux fermés me permettent
d’atteindre une forte concentration mentale pour arriver à la perception
de l’animal. J’ai l’impression de le toucher, de le respirer, jusqu'à
ressentir l’essentiel de son être et à me confondre avec lui.
Ma démarche pourra être comprise comme un processus de communication
inter-espèces. Ma démarche sera interprétée comme une vision utopique du
monde, d’un univers habité par une communauté hybride, composée des
multiples espèces animales, où l’humain n’est qu’une espèce parmi
d’autres.2
Chaque peintre a sa posture personnelle pour travailler. La peinture est par excellence un engagement corporel. Il
ne s’agit pas seulement du mouvement d’une main prolongée par un
pinceau ou même du bras entier. C’est le corps qui bouge dans sa globalité, souvent une globalité subtile, parfois difficilement perceptible.
Je
travaille de préférence au sol, agenouillée devant le papier, presque à
quatre pattes. Je sens la résistance du sol qui m’aide dans la
précision du mouvement. Je ne suis pas l’homme dominateur et fier de sa
station debout, supervisant le monde du regard. Mon oeil est l’oeil
animal « enchaîné au sol qui porte sa nourriture»2 .
renata zolcinska
octobre 2011
Loup sur l`eau, 2005, huile sur papier, 100 x 74 cm
Chien de St. Jacques, 2004, huile sur papier, 82 x 100 cm
1. Giuseppe Penone dans Respirer l'ombre,
Beaux-arts de Paris les éditions, Paris, 2009, p.13. Une vision proche
de la vision animiste de « La volonté d’un rapport d’égalité entre
moi-même et les choses est à l’origine de mon travail. L’homme n’est pas spectateur ou acteur, il est simplement nature. »
2. Johann GottliebFichte, Fondement du droit naturel selon la doctrine de la science (1796), trad. A. Renaut, Paris, Vrin, 1984, p. 96.